Hommage au général de Gaulle (1890-1970)

En ce 9 novembre 2020, jour anniversaire du décès du général de Gaulle il y a cinquante ans désormais, le service départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) de la Haute-Loire tenait à mettre à l’honneur cette figure de premier plan de notre histoire nationale.

Bain de foule du Général de Gaulle au Puy-en-Velay
Bain de foule au Puy-en-Velay (photo d'archives - La Tribune - Archives municipales du Puy).

Si l’année 2020 devait être l’année d’un triple anniversaire (celui de la naissance de Charles de Gaulle, celui de l’appel du 18 juin, et celui de sa mort), l’épidémie de coronavirus n’a pas permis que toutes les célébrations et commémorations prévues puissent se dérouler dans les meilleures conditions. En ce jour particulier, notre service souhaitait rendre hommage au premier président de la Ve République en évoquant sa visite officielle en Haute-Loire en 1959, effectuée sept mois seulement après son élection au suffrage universel indirect.

Cette année-là, le Président décide d’effectuer son quatrième voyage en province dans différents départements du Centre-Est de la France (le Cantal, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme et la Loire), pour aller à la rencontre des Françaises et des Français. C’est à 9 heures précises, le vendredi 5 juin 1959, que cette tournée débute par l’arrivée du train présidentiel en gare d’Aurillac. Après une rencontre avec les autorités civiles et militaires présentes pour l’occasion, il prononce sa première allocution à 10h30 devant la foule enthousiaste assemblée devant l’hôtel-de-ville.

Comme l’écrira un journaliste dans La Montagne le lendemain : « Toute la ville d’Aurillac, ce matin-là, a communié dans un même enthousiasme, dans une même foi en l’avenir du pays. » Puis, après le traditionnel bain de foule, le Général prend aussitôt la route de Saint-Flour – par Vic-sur-Cère et Murat – où il est attendu pour le déjeuner. Or, en dehors des arrêts prévus dans certaines villes par le protocole officiel, le Président ne cesse de jouer la montre et d’arrêter le long cortège officiel afin de saluer personnellement toutes ces personnes amassées au bord de la route, et qui « avaient interrompu quelques instants leur labeur » pour témoigner « silencieusement, la sympathie admirative et le respect qu’ils port[aient] au chef de l’État » (La Montagne).

Après le copieux déjeuner qui lui fut proposé à la sous-préfecture du Cantal (avec au programme : saumon de la Loire en Bellevue ; cœurs d’artichauts aux morilles ; plateau de fromages ; bombe glacée ; café ; liqueurs), il est pourtant temps de reprendre la route, même si une « étape du souvenir » s’impose d’elle-même avant de poursuivre vers le Velay : le Mont Mouchet. Comme le rappelle le même journaliste ayant participé à ce périple : « Depuis Saint-Flour, nous avions suivi cette même route qu’avaient prise, quinze ans plus tôt, ceux qui, pour répondre aux appels lancés de Londres par le chef de la France Libre, étaient décidés à "bouter le boche hors de France" » (La Montagne). C’est ainsi que, dans l’après-midi, devant la tombe du Maquisard inconnu, tous les « compagnons de l’ombre » et anciens résistants présents à la cérémonie – à commencer par Émile Coulaudon, alias colonel Gaspard, le chef des maquis d’Auvergne – reçoivent de vive voix les remerciements sincères du « premier résistant de France », de celui qui les avait naguère guidés dans leur lutte contre l’occupant.

Passage du Cortège Place du Breuil
Passage du cortège place du Breuil (photo d'archives - La Montagne - Archives municipales du Puy).

Ce n’est finalement que vers 17h30 que le Général fait son entrée debout dans sa voiture découverte au Puy, cette « ville pittoresque tapie au bas d’un cirque de montagnes parmi les roches et les pics volcaniques qui l’ont rendue célèbre » (La Dépêche). Ayant parcouru le boulevard Saint-Louis et tourné sur l’avenue du Vals, le chef de l’État descend du véhicule et passe en revue les soldats présents en même temps que retentit la Marseillaise. Après une nouvelle entorse au protocole qui l’amène à saluer les enfants attroupés place du Breuil, il se dirige ensuite vers la préfecture où il est accueilli à la grille d’honneur par le maire (M. Pébellier) et le secrétaire général (M. Luhan). Là, il prononce une brève allocution aux différentes autorités constituées présentes, en déclarant notamment : « Vous, l’Administration, la Magistrature, l’Enseignement, vous êtes les cadres de l’État, les cadres du redressement national » (La Tribune).

Puis, après avoir tenu audience aux maires présents afin d’évoquer les différentes problématiques locales, le Président, accompagné de M. Pébellier, traverse à pied cette même place du Breuil encadré par deux haies d’honneur compactes formées par les élèves des différentes écoles et établissements scolaires du Puy qu’il salue en souriant et en serrant des mains. Par la rue Porte Aiguière, il gagne la place du Martouret et, sur le perron de la Mairie, s’incline devant les tables commémoratives aux Morts de la guerre, et y dépose une gerbe. Selon la tradition séculaire, il ne lui reste alors plus qu’à signer le livre d’or de la ville et recevoir en cadeau l’ouvrage des frères Paul, Les Décors du Puy, avant de se diriger vers le podium installé pour l’occasion, afin de prononcer son discours officiel devant la foule massive venue l’ovationner.

Plan Place du Breuil
Emplacements respectifs des écoles et établissements scolaires du Puy sur la place du Breuil (Archives municipales du Puy).

Or, lorsque l’on écoute (https://www.ina.fr/video/CAF90045473) ou que l’on relit ce discours – dont le contenu avait largement été relayé dans les journaux à l’époque – comment ne pas se faire l’écho de certaines phrases prononcées ce jour-là, notamment quand le Général ne cesse de rappeler que « la France est faite pour un grand rôle », que ce soit « vis-à-vis d’elle-même » ou « vis-à-vis du monde », et tout particulièrement sa « vocation humaine » au profit des « deux milliards huit cents millions » d’hommes qui n’étaient pas encore « sortis de la misère » à cette date. Avec l’assurance que la France avait commencé à emprunter « le bon, le noble, le grand chemin » conforme à sa tradition, voici in extenso la fin du discours qu’il adressa à tous les vellaves qui lui faisaient face :

« Rien ne pouvait m’être plus utile que le sentiment que nous sommes d’accord sur cette voie nationale. Oui, j’en ai le sentiment absolu, car après tout, si nous ne l’avions pas vous et moi, vous ne seriez pas là et moi non plus. C’est donc que quelque chose qui nous dépasse tous nous unit. Ce quelque chose, c’est la conscience du droit et du devoir de la France. Mes chers compatriotes, mes chers concitoyens du Puy, vous qui participez déjà à ce grand essor national, vous qui, malgré les difficultés qui vous sont propres et que je connais, y participerez demain encore mieux et plus franchement, je vous demande d’exprimer notre commune pensée à tous pour qu’on nous entende au loin en chantant ensemble la Marseillaise. »

Le président de la République commença alors à entonner la Marseillaise, reprise en chœur par la foule, avant de conclure par cet ultime remerciement :

« Merci de m’avoir présenté la nombreuse et belle jeunesse du Puy ! »

Matthieu LE VERGE, directeur du Service départemental de la Haute-Loire

NB : Nous tenons sincèrement à remercier le service des Archives municipales du Puy-en-Velay pour leur aide précieuse, et sans laquelle la rédaction de cet article aurait été impossible.

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